Thomas Lemut - Je ne me souviens que de l'avenir

7 juillet 2022 - 24 septembre 2022
Retour

JE NE ME SOUVIENS QUE DE L’AVENIR

Du 15 au 24 septembre 2022, Mouvements Modernes consacre en plein coeur du Marais une expo- sition personnelle du travail de Thomas Lemut.

Thomas Lemut est né en 1961 d’une famille de militaires et de forestiers. Cette double lignée et une immersion très jeune dans un univers artistique vont considérablement l’influencer. Selon lui le mou- vement est la meilleure façon d’aborder les cycles de vie. Son destin l’a ainsi amené à être tour à tour sculpteur, ouvrier, producteur de films ou directeur artistique, et aujourd’hui artiste designer. Damien Macdonald, artiste, auteur et commissaire d’exposition dit de son ami qu’il cherche par son art à “ren- dre habitable les ruines du monde”.

Avec cette exposition, Thomas nous laisse entrevoir au fil de son histoire personnelle l’idée qu’il se fait d’une modernité, celle des années 1920 aux années 1960 à laquelle il aimerait revenir tout en l’appli- quant à notre époque contemporaine. Une plongée dans son monde sensible.

«Le cinéaste Andreï Tarkovski définissait la nostalgie
...comme une idée de ce qu’était le monde lorsque les êtres y étaient rares et toute rencontre une aventure...
Des mots qui expriment tout autant une certaine douceur du passé qu’une quête d’avenir et qui s’ap- pliquent à cette exposition.
Une histoire autour d’un temps étendu hors des cycles restreints et prédéfinis.

Des œuvres au mur. Des « photos de grenier », faites par mon arrière grand-père au début du XXème siècle, côtoyant les images de la main de mon père dans la mienne peu de temps avant sa mort, l’amour d’un être aimé à travers un portrait de ciel et des signes personnels, un procédé divinatoire pour l’avenir à découvrir par chacun et enfin, un temps étendu représenté par cette carotte tirée d’un pin montrant soixante ans de vie, une vie jamais commencée et qui ne sera jamais terminée.

Et des meubles. Eux aussi compressent et dilatent le temps puisqu’ils sont inspirés par ceux de mon enfance. Jim Harrison dit...Nous sommes les lieux où nous avons été, ils font partie de nous...peut être sommes nous également « les objets qui nous ont entourés », je le crois en tout cas. Des meubles donc, épurés, simples et « retenus ». Un hommage à Marcel Duchamp et un autre à Josef Albers, des lampes sans fil sous forme de deux colonnes de cubes, des tabourets empilables en bois, matière par excellence de l’ère pré-plastique, et enfin une « boite à portables » qui réunit la beauté de l’objet en bois avec la haute technologie digitale actuelle. Un objet qui s’inscrit dans un équilibre spirituel entre passé et futur, entre beauté et progrès technologique, chacun étant humainement « à sa place ».

On associe également parfois mon travail au passé ce qui, je suppose, ferait de moi une sorte de « mort plein d’avenir » ! Suis-je donc moderne, dépassé, nouveau-moderne dans un monde post-moderne ? Peu importe ces cases et probablement un peu de tout cela puisqu’il s’agit de complémentarité mais j’espère aussi de générosité, de poésie, de contemplation et surtout d’intemporel. J’ai toujours pensé que le mystère était plus important que la réponse alors laissons donc cette question en suspend et essayons de pousser le spectateur à regarder, à chercher.

Thomas Lemut, Printemps 2022

 

Artistes
Oeuvres